Mercredi 23 mars : 18h-21h. Interactions Son-Musique-Mouvement

Format: communications
Lieu: UQAM Pavillon de danse. Rez de chaussée, local K-1150
840, rue Cherrier 
Montréal, QC, H2L 1H4

Argument

Nous faisons le constat actuellement d’un intérêt grandissant pour prendre en compte la dimension incorporée de la perception musicale. A ce sujet, Leon Fleisher (1928-2020), l’un des pianistes et pédagogues les plus importants du XXe siècle, percevait la musique et son potentiel expressif comme étant indissociables d’une imagerie interne des forces agissant sur le mouvement dans l’espace. 
Lors de cette séance, nous présenterons différentes perspectives sur l’interaction son-musique-mouvement, à partir de recherches menées à Montréal par des musiciens, des analystes du mouvement en danse et des danseurs-musiciens. 
La recherche postdoctorale de la pianiste Justine Pelletier vise à mettre en lumière la dimension expressive du mouvement évoqué par l’interprétation musicale de courtes pièces pour piano qu’elle interprète elle-même. Le cadre de l'Observation-analyse du mouvement (OAM) – élaboré par les analystes du mouvement en danse, Nicole Harbonnier et Geneviève Dussault – a servi de base commune à l’analyse expressive de la musique et à l’écriture d’une partition des qualités dynamiques du mouvement servant de guide à l’incorporation des prises d’appuis, des respirations et des élans de la musique par le mouvement dansé. L’illustration dansée de cette étude sera présentée par les deux danseurs Myriam Arseneault et Antoine Turmine.
Une autre utilisation de l’OAM est aussi proposée par Nicole Harbonnier et Geneviève Dussault pour étudier l’influence de la dynamique corporelle des gestes du chef de chœur sur le résultat musical des choristes. Six chefs de chœur se sont prêtés à l’expérience de diriger quatre courtes œuvres (Fair Phyllis I saw sitting all alone de John Farmer ; She's like the swallow de William Lock ; En hiver de Paul Hindemith ; Locus Iste de Anton Bruckner) avec le même chœur (Chœur de chambre du Québec), permettant à l’équipe de recherche de repérer les singularités corporelles et musicales de chaque chef.
Antoine Turmine, danseur formé à la gigue québécoise et à la danse contemporaine, développe une danse percussive où se mêlent gestes et sons dans une inspiration mutuelle explorant les transformations subtiles du groove. 
La violoniste Annabelle Chouinard, de son côté, amorce, dans son projet de création Bach en corps, une recherche sur le rôle de l’interprète en musique classique à travers une exploration corporelle dirigée par quatre chorégraphes de générations et d’horizons différents – Mariko Tanabe, Sarah Dell’Ava, Eduardo Ruiz Vergara et Geneviève Ackerman - afin d’explorer en mouvement des avenues et des visions divergentes de la deuxième Partita de Bach. Elle présentera le travail en cours avec la chorégraphe Mariko Tanabe.

Questions soulevées par ces recherches : quels sont les paramètres musicaux que le mouvement dansé arrive ou non à faire ressortir ? Quels sont les défis du passage d’un médium à l’autre ? De la perception auditive à la perception kinesthésique ? La place du corps de l’interprète et son pouvoir de partage avec le public?
N.H

Déroulement

18h-20h: communications
- Association musique-mouvement par l’Observation-analyse du mouvement (OAM) : Justine Pelletier, Nicole Harbonnier, Myriam Arseneault, Antoine Turmine
- La danse percussive explore le groove : Antoine Turmine
- La dynamique corporelle des chefs de chœur au prisme de l’OAM : Geneviève Dussault, Nicole Harbonnier
- Bach en corps : Annabelle Chouinard, Mariko Tanabe
- Discussion 

20h15-21h: Performance: Mémoire de ville ou L’abribus poème. AJ

Un travail sur l’espace et le temps avec la force des saisons qui interroge la ville à travers le parcours de cinq artistes ayant accepté de se soumettre à cette proposition. Il s’agissait dans la ville de Montréal, d’habiter poétiquement un abribus de son choix pendant une minute. Au lever d’un jour d’été, d’un jour d’automne puis d’un jour d’hiver. J’ai filmé ses instants de poésie et les ai réunis dans une création filmique en forme de documentaire onirique où le son de la ville rencontre celui des participants.

Avec: Nicole Harbonnier, Geneviève Gauthier, Blaise Margail, Albertine Norge et AJ.

BIOGRAPHIES

Justine pelletier est diplômée de la Juilliard School (M.Mus) et de l'Université de Montréal (D.Mus) où elle enseigne l'interprétation du piano à titre de chargée de cours depuis 2016. Récipiendaire d'une bourse postdoctorale du FRQSC en recherche-création, elle est actuellement rattachée au Laboratoire des arts vivants et interdisciplinaire (UQAM) où elle explore les liens entre musique, mouvement et expression. Elle a également travaillé sur la biomécanique de l'interprétation au piano en tant que chercheuse postdoctorale au Laboratoire de recherche sur le geste musical (U. de Montréal) et a contribué à des recherches publiées dans des revues telles que Frontiers in Psychology et Journal of Electromyography and Kinesiology. Elle a joué avec des orchestres de renom tels que l'Orchestre symphonique de Montréal (chef Kent Nagano), l'Orchestre de la francophonie (chef Jean-Philippe Tremblay), l'Orchestre de chambre de McGill (chef Boris Brott) et est membre fondateur du Trio Grand-Duc
Nicole Harbonnier est professeure au Département de danse de l’Université du Québec à Montréal depuis 2004 où elle enseigne des cours d’analyse du mouvement et d’éducation somatique. Spécialisée en Analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé (AFCMD), elle a été formatrice de professeurs de danse, entre 1997 et 2004. Après une maitrise en danse de l’Université Paris 8 (2000), elle obtient un Doctorat en Formation des adultes du Conservatoire National des Arts et Métiers (2009). Ses recherches actuelles, supportées par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), l’amènent à développer avec Geneviève Dussault une nouvelle proposition conceptuelle d’observation-analyse du mouvement (OAM) à partir de deux approches existantes – le Laban Movement Analysis-LMA et l’AFCMD – dans le but de mieux articuler ensemble les dimensions fonctionnelles et expressives du mouvement. Ses publications scientifiques portent sur l’enseignement de la danse, l’analyse du mouvement et les savoirs du corps. Ses engagements artistiques concernent les pratiques d’improvisation, de contact-improvisation et de mouvement authentique. Elle est co-fondatrice du Laboratoire en arts vivants interdisciplinaires (LAVI-UQAM).

https://professeurs.uqam.ca/professeur/harbonnier.nicole/

http://www.afcmd.com/

Geneviève Dussault est chargée de cours au Département de danse de l’Université du Québec à Montréal. Elle détient une maîtrise en danse de l’Université York de Toronto (1991) portant sur l’analyse comparative du Bharata-Natyam et de la danse baroque. Certifiée en analyse du mouvement du Laban/Bartenieff Institute of Movement Studies (1996), elle enseigne l’analyse du mouvement, mais aussi le rythme corporel et l’histoire de la danse. Elle a œuvré en tant que chorégraphe-interprète en danse contemporaine et baroque et s’est produite au Canada et en Europe grâce à l’appui du Conseil des Arts et des Lettres du Québec. Elle collabore depuis 2010 aux recherches de Nicole Harbonnier et contribue au développement du cadre de l’Observation-analyse du mouvement (OAM).
Myriam Arseneault est une jeune interprète-créatrice diplômée du Département de danse de l’Université du Québec à Montréal en 2017. C’est après avoir étudié en musique et littérature qu’elle décide d’investiguer la voie du mouvement et de la pensée du corps. Myriam crée et interprète au sein du collectif Anavolodine (Danses Buissonnières 2017, Résidences OFFTA 2018). Également intéressée par la dimension communautaire des arts, elle conçoit des ateliers de création en danse en centre d’hébergement. Curieuse de multiplier ses expériences d’interprètes et d’enrichir sa danse, Myriam participe à divers stages (Transformation danse, Axis Syllabus), collabore au projet de maîtrise de Marc-André Cossette alliant danse et technologies, tout en maintenant une pratique d’écriture et de chant choral (OPMEM, 20-22 OMEGA par Thierry Loa). En 2017, elle se joint à l’équipe artistique de la nouvelle création du Carré des Lombes. 
Antoine Turmine :
Issu du milieu des danses traditionnelles et folkloriques, Antoine Turmine se définit comme un artiste en danse investi dans une démarche personnelle où le rythme, le son et le corps en mouvement sont à l’avant-plan. Titulaire d’un baccalauréat en danse contemporaine (2014) et d’une maîtrise en danse (2020) de l’UQAM, il vise à faire de sa pratique un véritable laboratoire et cherche ainsi les dispositifs et les contextes qui transforment et repoussent ses manières de danser. Intéressé par la notion d’univers et du thème de la rencontre, il invite à des propositions se situant à la frontière d’œuvres conceptuelles et de performances sensibles.
Annabelle Chouinard joue du violon depuis l’âge de 8 ans et étudie présentement au Conservatoire de musique de Montréal dans la classe d’Anne Robert. Elle a participé à divers concours et remporté plusieurs prix et bourses (Émission « Virtuose » en 2017, Concours de musique du Canada en 2018, Classival en 2019, Concours de musique de Sorel en 2018-2019). Parallèlement à ses études en musique, Annabelle s’intéresse aux mouvements du corps et de l’âme à travers la pratique du mouvement authentique. Depuis 2011, elle suit la chorégraphe et plasticienne Sarah Dell’Ava à titre d’interprète en danse dans son polyptique ORIRI-ORI-OR-O présenté par Tangente (2013 à 2022) et fait partie de la distribution de O2 présenté au Festival TransAmériques en mai-juin 2021. Particulièrement éprise des projets hybrides qui jumellent danse et musique en direct, elle participe également au projet Les balades dansées initié par Ariane Boulet de la compagnie Je suis Julio. 
Mariko Tanabe est une interprète-chorégraphe acclamée par la critique et dont le travail a été applaudi sur la scène internationale. Reconnue pour son électrisante présence sur scène, elle s’appuie sur la richesse de ses explorations interculturelles et métaphysiques pour créer des œuvres passionnées, sensuelles et hautement stylisées. Son héritage japonais jumelé à la dynamique explosive et fougueuse du flamenco sont au cœur de ses explorations, tout autant que les mystères de l’esprit humain. Mariko privilégie le travail en collaboration pour développer des œuvres qui intègrent souvent une musique originale interprétée en direct et des éléments visuels au puissant pouvoir d’évocation. Elle a présenté ses chorégraphies depuis 1993 au Canada, Portugal, Autriche, Mexique, Malaisie, Allemagne, Suède, France, la République tchèque, Pologne, Italie, Japon et aux États-Unis.