La gestion du son dans les espaces publics

Jeudi 25 mars 12h-13h

Lien de connexion vers le webinaire: ICI

Format: table ronde

ARGUMENT:

Nous entendons par « espaces publics » les espaces physiques urbains, c’est-à-dire les espaces de la ville dont l’accès est permis à tous, qu’ils soient ouverts ou fermés.

Dans l’aménagement urbain des espaces publics, nombre d’efforts sont fournis et accomplis. La publication récemment réalisée par le Centre d’écologie urbaine en est une belle illustration[1]. Les chercheurs et praticiens Jan Gehl et Birgitte Svarre nous disent qu’il faut envisager la vie dans l’espace public dans le sens le plus large possible, en y incluant toutes les activités qui se déroulent de façon à comprendre tout ce qui se passe dehors et qui se prête à l’observation. Mesdames Hidalgo et Plante[2] ajoutent « chacune à la tête de nos administrations, nous avons la responsabilité d’adapter nos villes aux demandes de celles et ceux qui les habitent, tout en construisant la relation qui unit [ et réunit ] la ville et l’individu. Cela […] nécessite les bons outils et la bonne approche afin d’inclure les besoins de nos citoyens dans le processus de planification tant à petite échelle […] qu’à grande échelle ».

Cependant dans l’aménagement des espaces publics la dimension sonore n’est pas nécessairement prise en compte. Or nous baignons continuellement dans le son qu’il soit subi, apprécié, nécessaire, accepté ou non, et nous ne sommes pas sans savoir quelles sont les conséquences directes ou indirectes  de l’exposition au bruit sur la santé. La pollution sonore et sa gestion restent un problème épineux, car mesurer, constater, chiffrer, démontrer est nécessaire, mais aménager des zones sonores appropriées aux activités des usagers et à leur ressenti qui lui est subjectif, reste complexe. Outre les signaux physiques et les temporalités spatiales, il faut tenir compte d’une approche à la fois perceptive (« chaque perception contient une dimension personnelle et partagée[3] »), représentative (qui est à la fois individuelle, contextuelle et sociétale), imagée, mais également des interactions sociales, une posture qui place l’usager et son expérience au cœur du projet (Marry, 2013).

À travers cette table ronde, nos invité.e.s nous feront par de leur expertise en matière de gestion du son dans les espaces publics que ce soit par la conception de zone sonores afin de prévenir la gestion du bruit, ou par la réappropriation d’environnements sonores afin de mieux les comprendre.

[1]Les études de la vie dans les espaces publics au Canada. Récolter des données pour bâtir des villes à échelle humaine, c’est la première étude approfondie sur le sujet au Canada.

[2] Madame Hidalgo est actuellement maire de la ville de Paris (France) et Madame Plante de la ville de Montréal (Québec, Canada)

[3] Marry, S. (2013). L’espace sonore en milieu urbain. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.p.15.

EN SAVOIR PLUS SUR LES INVITÉ.E.S

Catherine Guastavino est professeure à l’Université McGill et membre du Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie (CIRMMT). Elle dirige le partenariat de recherche Ville Sonore, qui réunit chercheurs universitaires, professionnels de l’urbanisme et de l’acoustique, artistes et citoyens pour repenser le rôle de sonore dans nos experiences sensibles de la ville. Elle siège sur le comité responsable de la norme ISO sur le paysage sonore (CAC/ISO/TC43/SC1). Ses recherches portent sur les ambiances sonores, la perception auditive de l’espace, la spatialisation sonore, les processus cognitifs de catégorisation et la psychologie de la musique.

Ville sonore: https://www.sounds-in-the-city.org/fr/equipe/

Romain Dumoulin est actuellement acousticien et représentant en développement des affaires pour la firme de consultants en acoustique Soft dB. Après avoir obtenu une maîtrise en acoustique architecturale et environnementale de l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, il a travaillé comme consultant en acoustique à Montréal et Toronto, notamment plusieurs mandats pour la Ville de Montréal (sur la gestion du bruit des bars et salles de concert du Plateau Mont-Royal et plus récemment, sur les outils de contrôle et prévision du bruit des concerts extérieurs du Quartier des Spectacles) et la conception acoustique de plusieurs salles de concerts au Canada et aux États-Unis.

En 2014, il a complété une deuxième maîtrise au laboratoire de recherche CRITIAS, à l’École de technologie supérieure (ÉTS) avec un projet de recherche axé autour de l’utilisation des téléphones intelligents pour la mesure de niveaux de bruit. Depuis 2011, il a aussi été impliqué dans plusieurs projets de recherche, au Département des sciences architecturales de l’Université Ryerson, à l’ÉTS et à l’Université McGill, notamment en tant que responsable technique du projet Musikiosk et consultant pour le projet “Ville Sonore”. Entre 2015 et 2020, il a supervisé les rénovations de plusieurs laboratoires acoustiques et studios de musique pour le  Centre Interdisciplinaire de Recherche en Musique, Médias et Technologie de l’Université McGill. Ses intérêts et travaux de recherche actuels sont variés allant des politiques de bruit urbain à Montréal et au Québec jusqu’à l’acoustique des salles de concert pour la musique amplifiée en passant par l’utilisation de nouvelles technologies audio pour la conception d’environnements sonores.

Magali Babin est une artiste sonore et interdisciplinaire. Ses recherches abordent l’écoute comme outils d’attention et de rassemblement collectif. Plusieurs de ses œuvres portent sur l’imperceptibilité qui entraine la vigilance d’écoute. Dans ses récents projets, Magali Babin, aborde le rapport identitaire aux sons en lien avec la perception de l’environnement et la mémoire auditive.

Magali Babin s’est produite en concert et en performance dans le cadre de festivals internationaux au Canada, aux États-Unis, au Mexique et en Europe. Ces installations sonores ont été présentées, entre autres, au Musée d’art contemporain de Montréal (Triennale Québécoise 2011), au Mois Multi (Qc. 2018), au FITU (Mexico. 2020). Magali Babin poursuit actuellement ses recherches dans le cadre d’un doctorat en Études et pratiques des arts à l’UQAM.

Villeray acoustique: https://mtlacoustique.com/a-propos/

Artiste sonore, Chantal Dumas explore le médium du son depuis plus de 25 ans sous la forme de narration sonore, d’électroacoustique, d’installation, de design sonore et de parcours d’écoute. Son travail est marqué par une attention particulière portée à l’écoute. Adepte du field recording, elle collecte les sons de son environnement qu’elle introduit dans ses compositions. Ce rapport à l’écoute trouve aussi écho dans les formes d’écritures qu’elle développe. Certaines thématiques reviennent avec récurrence dans son travail telles le temps, l’espace, le territoire, l’ailleurs. La cartographie s’insère donc naturellement comme sous-texte à la composition et intervient comme élément structurel. Une dimension participative est aussi associée à son travail.

Maintes fois boursières des conseils des arts, elle séjourne en 2011 au Studio du Québec à New York et au couvent des Récollets à Paris en 2016 (CALQ). Son travail est récompensé entre autres par le Prix Opus – concert de l’année Musiques actuelle, électroacoustique et les prix Bohemia (République tchèque) et Phonurgia Nova (FR) en radio. Ses créations sonores sont diffusées sur les ondes des radios publiques européennes et lors de festivals ici et ailleurs.

Dernièrement Avatar, le centre d’artiste en art audio et électronique de Québec, lui a consacré une importante publication incluant une commande d’oeuvres, un livre et la mise en ligne d’archives. Parallèlement, le label Empreintes DIGITALes, lançait Oscillations planétaires une évocation géologique. Le parcours d’écoute Villeray acoustique réalisé conjointement avec Magali Babin est observable sur le terrain et à ce lien : http://mtlacousique.com

Le son refuge: https://avatarquebec.org/dialoguesavecchantaldumas/

Oscillations planétaires: https://electrocd.com/fr/album/6044/Chantal_Dumas/Oscillations_planétaires

Étienne Legast est détenteur d’un baccalauréat en composition électroacoustique de l’Université de Montréal. Sa démarche artistique est orientée vers l’improvisation et le traitement du signal audio en temps réel. À travers Audiotopie, il se concentre sur la contextualisation, les relations du son avec l’environnement et la façon dont celui-ci transforme les lieux et l’ambiance qui s’en dégage. Cette approche l’amène à développer des systèmes de diffusion audio in situ et mobiles ainsi que des installations sonores intégrant la multiphonie et l’interactivité.

Audiotopie: https://www.audiotopie.com

MODÉRATRICE

Diplômée de musique, de musicologie, d’art en thérapie, psychopédagogie et de pédagogie, Emmanuelle Lizère s’est d’abord consacrée à l’enseignement avant de s’intéresser à la création de spectacles musicaux pour enfants. Son action pédagogique, ses disques et ses spectacles l’amènent à collaborer avec de nombreux musiciens, compositeurs et institutions françaises et internationales travaillant dans le domaine de la création contemporaine, comme L’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique Musique (Ircam), la Fondation Royaumont, le Théâtre des Champs-Élysées, le festival Manca à Nice ou le Centre Georges Pompidou. Installée à Montréal depuis 2009, elle poursuit ici son travail de création et joue régulièrement au Festival petits Bonheurs, Festival Accès Asie et en collaboration avec la SMCQ. Elle mène également de nombreuses activités de médiation culturelle pour des concerts de musiques nouvelles dans le cadre du Vivier, pour Accès Culture et différents ensembles musicaux. Elle y propose des ateliers de sensibilisation et des rencontres avec le public et développe des outils numériques de découverte et de pratique des musiques nouvelles. Depuis 2019, elle assure la direction artistique du Vivier.